Rencontre avec Mélanie Regazzoni, qui dirige une exploitation et une étable avec des vaches tarines au pied des pistes d’Arêches-Beaufort. Un parcours atypique dans un secteur qui se féminise de plus en plus.
Depuis vingt ans et la création de leur statut ("conjoint collaborateur"), les agricultrices s'imposent et réinventent leur métier. Et ce- lui qu'elles ont choisi mêle nature, labeur et, bien souvent, famille. Un tout qui demande un engagement à plus de 100 %, sans compter ni ses heures ni sa peine, mais bien son courage.
Alors que les citadins commencent à s’entasser dans les transports en commun, c’est l’heure de la traite pour Mélanie. Cette femme passionnée rejoint ses 40 jolies demoiselles gorgées de lait, chacune portant un nom. Tout autour, les montagnes du Beaufortain, couronnées d’un peu de neige, du vert, des chalets et de l’air pur : une véritable carte postale.
Le rythme est rude : lever à 5 heures, pas de week-ends, peu de vacances. « Ce n’est pas un métier, c’est un mode de vie » se confie la séduisante agricultrice, mais aussi maman de deux enfants : Lola, 9 ans et Ferdinand, 2 ans.
Cette passion pour l'élevage ne date pas d’hier, comme en témoignent sur la façade de l’étable, les nombreuses récompenses remportées lors des concours agricoles, dont certaines par son grand- père ! Elle a su très tôt qu’elle s’orienterait vers l’agri- culture de montagne grâce à son oncle. Les nombreuses vacances d’été passées chez cet éleveur laitier de la région en alpage ont nourri sa passion. Un bac, une école d’infirmière et un BTS production animale plus tard, elle commence tout d’abord par s’expatrier en Nouvelle Zélande.
Puis Mélanie rejoint son oncle en 2009 au sein du GAEC familial. En 2021, son oncle ayant pris sa re- traite, Florent Perrier, le compagnon de Mélanie, embarque à ses côtés pour une nouvelle aventure : la création du GAEC Alpage Les Arolles ! Passionnée par la montagne, elle veille chaque jour sur 40 vaches tarines qu’elle appelle toutes par leur prénom. La collecte du lait est destinée à la fabrication du fromage Beaufort AOP, typique du Beaufortain.
À la tête d’un joli cheptel, Mélanie vit son rêve d’enfant. Même rituel chaque été, Mélanie et sa famille montent en alpage au-dessus du magnifique lac de Saint Guérin pour faire pâturer ses bêtes. Avec son conjoint et ses deux enfants, elle adore passer l’été « en apesanteur ».
Quand le troupeau descend sur l’exploitation mi-septembre, il n’en demeure pas moins chouchouté : « Je suis très soucieuse du bien-être et de la santé de mes tarines. Été comme hiver, c’est une vie exigeante mais passionnante ! » Si son métier est parfois rude, il lui offre néanmoins de précieux souvenirs en fa- mille et de magnifiques moments partagés !
Mais le monde paysan a compris une chose : les femmes ont désormais un rôle crucial à jouer dans l’avenir du métier. Dans dix ans, 40 % des agriculteurs arriveront à la retraite, et le métier a beau- coup souffert. Et pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses. Elles arrivent motivées par le contact avec la nature, la vie en plein air, le tourisme. Elles apportent des modèles différents.