Après avoir passé l’hiver bien au chaud à l’étable, l’herbe est assez belle pour pouvoir sortir. Elles sortent en général autour du 15 avril mais chaque année ne se ressemble pas. Il faut savoir observer son environnement, la pousse de l’herbe quelque peu malmenée ces derniers jours par le gel. Le calendrier lunaire est aussi important à étudier car, comme pour nous, la lune influe sur le comportement et les hormones de nos belles.
Michel et François, son fils, sont bien accompagnés pour que tout se passe sans encombre : Emeline (fille et sœur de ces producteurs est venue avec son petit), Robert, Fabien et Océane sont d’une grande aide pour réussir à canaliser ces belles folles de joie. Il faut tout d’abord préparer « le parcours » pour les guider jusqu’à l’extérieur. Quand elles sortent le bout de leur museau, ruade et petit coup de folie au rendez-vous. Lorsque la moitié de l’étable est sortie, il faut courir devant une partie du troupeau pour les amener jusqu’au lieu de pâture puis réitérer la manœuvre une deuxième fois pour que tout le troupeau se réunisse.
Chaque vache a sa personnalité, son caractère et il faut leur laisser un peu de temps pour que chacune reprenne sa place dans la hiérarchie du troupeau. Encore quelques ruades, un peu de course, de frottements de tête dans la terre, mais aussi des face à face impressionnants. Elles se retrouvent toutes après plusieurs mois à l’intérieur à l’attache et c’est le moment de montrer qui est la plus forte ou dominante. Michel et François se relayent pour aller manger, il faut surveiller, au moins aujourd’hui, ces 49 tarines et le taureau qui peuvent casser malencontreusement le fil et sortir du parc. Elles prendront ensuite leurs marques et seront plus calmes. Une chose est sûre, ce soir, elles auront toutes des courbatures après cette première journée à l’extérieur.
Pendant 15 jours, elles rentreront chaque soir pour la traite et ressortiront le lendemain après la traite du matin. Cette période de transition où l’alimentation est répartie entre le foin et l’herbe fraîche ne peut durer qu’un temps. Elles resteront ensuite définitivement dehors à pâturer les alentours du village avant de monter progressivement vers les Déberts puis jusqu’à l’alpage, en-dessous du Pas de l’Âne et de la Pointe de la Grande Journée.
Le lait livré à Monts et Terroirs à La Bâthie pour la fabrication du Beaufort sera ensuite récolté par la Coopérative Laitière du Beaufortain pour la fabrication du Beaufort d’Eté. Il faut savoir s’organiser dans les collectes de lait par rapport à la localisation de l’exploitation et de l’alpage.