La montée se fait dans le respect de la tradition, à pied, mais cette année comme l’an dernier d’ailleurs, le beau troupeau de vaches de race abondance n’arborera pas les traditionnelles cloches pour respecter également une autre tradition celle d’un décès survenu dans la famille dans le courant de l’année. Une pensée toute particulière de Valentin à son grand père décédé en fin d’année 2021 !
A 7h00, la traite terminée, arrive petit à petit, la famille et les amis pour accompagner le troupeau jusqu’à son lieu de villégiature : Christian, le papa bien sûr, le chef de l’exploitation qui transmettra dans le courant de l’année 2022 la gestion de l’exploitation à Valentin car en octobre il pourra prétendre à la retraite, Danièle dit Nanou la tante de Valentin qui n’a jamais loupé une seule emmontagnée et puis Fabrice, Aldo et Anthony.
Didje, la doyenne du troupeau (13 ans), la seule du troupeau qui n’a pas de cornes pour des raisons médicales sent bien que c’est le grand jour : elle vient se placer juste devant le fil prêt à surgir dès le départ. C’est quand même incroyable cette capacité et intelligence à comprendre les choses !
Avec les chaleurs connues ces derniers jours, tout le monde a hâte de gagner un peu d’altitude. 7h30 Valentin ouvre le fil et c’est parti pour environ 2 heures de montée pour rejoindre l’alpage au Col du Mont Cenis. Didje mène la cadence tranquillement et ne manque pas de faire des petites pauses dans les lacets de la route qui mène au col dès qu’elle voit un beau carré d’herbe fleuri.
Arrivés à l’alpage, tout le monde a le sourire, tout s’est bien passé. Sur cette route menant à l’Italie et déjà très fréquentée en cette période, nombreuses ont été les questions et les photos. Les vaches n’ayant pas déjeuner avant le départ pour faciliter la marche jettent leur dévolu sur la belle herbe qui les attendait, elles ne ménagent pas leur peine et à grands coups de langue se régalent de cette flore riche et variée de nos alpages. Sur que dès ce soir le bon lait livré à la Coopérative laitière de Haute Maurienne Vanoise à Lanslebourg aura une saveur particulière et nous promet de très savoureux Beaufort d’été.
Mais un petit retour dans la vallée s’impose pour aller chercher l’ensemble du matériel : salle de traite mobile, groupe électrogène, boule à lait… et l’installer en prenant toutes les précautions car la lombarde peut vite faire des dégâts. Tout doit être en place pour la traite de l’après midi qui débutera à 16h30.
L’installation est importante aussi bien pour le bien être de Valentin que de ces vaches, car la traite c’est 2 fois par jour, et Valentin passe 4 heures par jour au total à la traite.
Valentin apprécie ce moment de l’année, lui qui se caractérise comme solitaire, et aime ces moments passés seul avec les vaches de son troupeau en alpage.
Ce n’était pas écrit car Valentin de formation dans l’agroéquipement n’était prédestiné à reprendre l’exploitation. Il a voulu se forger sa propre expérience et depuis l’âge de 14 ans, chaque été, il arpente les routes de France avec sa moto 50 cm3 : il y fera les moissons dans la Beauce avant de rester plusieurs saisons à Narbonne où il entretient les plages la nuit.
Mais à chaque fois il revient avant la démontagnée et aide son père l’hiver sur l’exploitation où il est salarié. En même temps la nuit il damne les pistes du domaine skiable de Val Cenis.
Et puis un jour, le déclic, et aujourd’hui il apprécie plus le contact avec ses vaches que le matériel agricole.
La rencontre avec Charlène explique peut-être cela, eux qui forment un couple atypique puisque chacun gère une exploitation : avant tout rassemblement de troupeau, Valentin souhaite gagner en expérience sur sa propre exploitation. C’est peut-être mieux ainsi car ils ont tout deux un caractère bien trempé ! Peut-être un jour qui sait on les retrouvera associés tous les 2 !
Nous leur souhaitons un bel été.